L’Europe occidentale a redécouvert il y a seulement quelques décennies les vertus du jeûne, et l’engouement qu’il suscite est à ce jour aussi intense que l’opprobre dont il a parfois été l’objet.

Largement plébiscité par toutes les pensées religieuses et philosophiques du monde entier, le jeûne retrouve ses lettres de noblesse en Europe de l’Ouest après avoir été oublié et parfois même regardé avec méfiance.

Je ne souhaite pas revenir dans cet article sur les vertus du jeûne, les études cliniques et les publications universitaires en la matière le font bien mieux que moi, mais mon propos entend plutôt se centrer autour d’une réflexion globale sur les apports « non métaboliques » de cette pratique.

L’engouement renouvelé et récent autour du jeûne est à mettre en relation, à mon sens, avec les découvertes récentes autour du microbiote intestinal. Ces découvertes ne font d’ailleurs que valider ce que les médecines de la Tradition avaient elles-mêmes appréhendées de façon empirique, et qu’elles avaient tenté de systématiser au travers de nombreux traités médicaux. On retiendra l’importance de la digestion chez Hippocrate, la place centrale du ventre dans la médecine ayurvédique, ou bien encore la notion d’hygiène intestinale chère à la naturopathie du XIXème siècle et à des auteurs naturistes comme Paul Carton.

Pratique du jeûne

La dimension Corps-Âme-Esprit du Jeûne

La dimension Corps-Âme-Esprit trouve selon moi son plein épanouissement dans la pratique du jeûne, si tant est qu’il soit encadré par un professionnel aguerri et formé à cette pratique. En ce sens, le jeûne est une véritable opportunité d’appréhender ces trois facettes indissociables du Tout de notre existence.

Le jeûne est en effet avant tout une parenthèse. Il permet de suspendre la course effrénée du Temps, après lequel nous courons sans cesse. Quoi de plus caractéristique en effet dans nos sociétés modernes que d’être sans cesse pressé par le temps, soumis à des contraintes horaires, indexées elles-mêmes sur des indices de performance. Un temps de travail, un temps d’attente, un espace-temps….mais combien de temps réels pour soi, combien de temps de repos véritables, combien de temps de retour au réel ?

Ce qui est surprenant lorsque l’on veut commencer une première expérience de jeûne, c’est l’incroyable difficulté à trouver du temps pour justement mieux le suspendre. Signe d’une époque, il est difficile de se ménager une période de repos complet, tant sur le plan digestif que mental et émotionnel. C’est pourtant un acte fort, décisif, et qui pourrait bien, s’il est vécu pleinement et en conscience, conduire à une refonte complète de la vision du Monde qui vous entoure.

jeûne

Le jeûne se prépare, il suppose une descente alimentaire par palier, il nécessite idéalement une période de durée variable, mais durant laquelle on s’assure de ne pas avoir trop de sollicitations, au premier rang desquelles les sollicitations professionnelles. Mais au delà de cette préparation « logistique », le jeûne suppose souvent un temps de préparation mentale.

Nombreuses sont en effet les personnes à me confier spontanément leur angoisse à l’idée de se priver de nourriture pendant une période même brève. La simple idée de sauter un repas leur semble insurmontable, et la perspective de réitérer cette expérience à l’échelle de plusieurs jours est tout simplement inenvisageable.

Pratique du jeûne

Une remise en question de nos croyances

C’est que l’aliment est souvent un repère de nos journées. Les repas rythment le déroulement de nos vies, et ils sont en cela les marqueurs de notre existence elle-même. Les abolir est pour beaucoup de personnes, même inconsciemment, une forme de négation de leur existence.

Dans un second temps, la réflexion se porte davantage sur l’angoisse liée au manque de nourriture. On associe souvent l’idée de sauter un ou plusieurs repas avec celle de risque pour la santé, de carences profondes, de dangers dont on ne dessine d’ailleurs pas très bien les contours. Qu’importe, l’idée est assez claire, jeûner est dangereux.

C’est oublier un peu vite que l’Humanité a davantage connu les disettes que l’opulence alimentaire somme toute assez récente de nos sociétés occidentales consuméristes modernes. Certes si la pratique, surtout si elle est prolongée, nécessite un encadrement professionnel, et certes si le jeûne est contre-indiqué dans le cas de certaines pathologies, force est de constater qu’il est à la portée de tous, mais son accès est souvent entravé par des barrières mentales que nous érigeons nous-mêmes autour de notre forteresse intérieure.

Je conseille toujours de passer par l’expérience, très en vogue, du jeûne intermittent sous sa forme la plus connue, le 16/8, qui consiste à s’alimenter sur une plage horaire de 8 heures, et à jeûner pendant 16 heures. Une méthode facile à mettre en pratique, et qui consiste la plupart du temps à sauter le petit déjeuner du matin. Pratiquée sur le moyen terme et à condition de bénéficier de prises alimentaires de qualité nutritionnelle importante et d’une grande variété, la méthode 16/8 ne présente pas de dangers et ne provoque pas de carences alimentaires. Au contraire, elle a prouvé son efficacité dans la régulation du métabolisme glucose / insuline, dans la normalisation de l’hypertension, dans l’atténuation de certaines pathologies de type allergique, dans la reprise d’un péristaltisme intestinal efficace….

Cette méthode sera une première expérience concluante vers un gain de santé et de vitalité, comme une première étape vers une transformation intérieure.

Pour aller à la rencontre du jeûne, il faut en effet se débarrasser d’un certain nombre de croyances fausses que nous avons autour de l’aliment, et faire confiance à notre corps et à ses ressources. Jeûner, c’est donner les clés de la maison à son corps, c’est lui donner les rênes et admettre l’intelligence dont il dispose. C’est lui laisser le temps de repos nécessaire afin qu’il puisse mettre en place, via le système nerveux autonome, l’ensemble des processus de guérison lui permettant de revenir à l’homéostasie.

Le jeûne en soi ne guérit rien. C’est le corps qui, s’il est laissé au repos, revient naturellement à son état d’équilibre. S’il est laissé libre de ne pas évacuer une surcharge de travail perpétuelle apportée par une alimentation déséquilibrée, une vie à 100 à l’heure et un stress mental omniprésent, il est alors apte à mettre en place des processus d’auto-nettoyage et d’auto-régulation.

Pratique du jeûne

Le jeûne, c’est prendre de la distance pour mieux se retrouver

Or, ce qui se passe au niveau physiologique advient aussi au niveau psychique et émotionnel, à condition là aussi que nous soyons partie prenante pour lâcher prise. Quelle meilleure opportunité de parenthèse qu’offre le jeûne pour s’offrir aussi un repos mental. Quitter quelques temps le déroulé incessant des sollicitations de toutes sortes, se sevrer des addictions aux écrans, aux mauvaises nouvelles venues du monde entier, rompre avec le tumulte et le fracas d’une vie que nous subissons davantage que nous ne la choisissons.

Jeûner est comme je l’ai dit un acte fort, car c’est faire sécession avec un Monde profondément inhumain qui n’entend pas les aspirations profondes en chaque Être. Faire sécession mentale avec ce qui nous entoure et dans lequel nous ne nous reconnaissons plus, c’est revenir à la Beauté de la simplicité, revenir à nos sens, et les laisser se perdre dans une rêverie réconfortante.

Se promener en pleine Nature et s’émerveiller, contempler la voûte céleste d’un ciel d’été et découvrir que le jeûne a aiguisé nos sens au point de percevoir le monde avec le regard enjoué du petit enfant, c’est retourner à une certaine forme de spiritualité, et redécouvrir le Sacré en nous. C’est comprendre la flamme de Vie qui nous anime, et admettre qu’elle est à la fois en nous et tout autour de nous, en une harmonie parfaite avec la naturalité de ce qui nous entoure.

Ce que vous aviez peut-être vécu jusque là comme insipide prendra alors une autre saveur, une autre texture, une autre couleur, une autre dimension. Cette réflexion, une fois élargie, sera peut-être alors à même d’entr’ouvrir les portes d’un univers plus vaste dans lequel l’Être ne demande qu’à s’épanouir, au détriment de l’Avoir.

En ce sens, rencontrer le jeûne, l’appréhender en confiance et guidé par un thérapeute bienveillant, c’est se donner, outre l’opportunité d’un retour à une meilleure santé, la possibilité de procéder à une réflexion globale sur ce qui nourrit réellement ma Vie. Une expérience unique, qui bouleverse un prisme de croyances et de superstitions, et que la puissance du Vivant fera rapidement disparaître au profit d’une grandeur d’Âme retrouvée.

Vous pouvez découvrir ce lien étroit qui unit notre nourriture terrestre et nos aspirations célestes et spirituelles en découvrant Jacques Antonin, une personnalité lumineuse que j‘admire beaucoup.